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Création de Franxinhua : un pont linguistique pour l'entente culturelle Franco-Chinoise

Commençons par le commencement : je suis philosophe, la question du “langage” me fascine et nourrit mes recherches depuis plus trente ans… Je n’ai jamais résolu ma question fondamentale “qu’est-ce dire ?” J’ai tant noirci de pages, tant chercher à faire le lien entre nos concepts et notre articulation sociale qui est l’usage de notre langue. Et puis, en 2005, thèse en poche, je pars en train pour la Chine ne connaissant pas un mot de chinois, n’ayant même pas eu l’idée de me renseigner avant, tant le cursus philosophique à l’époque était orienté vers la philosophie anglo-saxonne. Ce voyage, mes échanges de peu de mots avec les chinois dans le train, ont opéré une révolution copernicienne en moi. Et depuis, j’ai arpenté des régions de Chine, des régions frontalières, profondes où d’autres langues sont présentes, où des mélanges linguistiques naissent, où les cultures se mêlent et s’entremêlent. Pour ceux qui ne connaissent pas la Chine, la Chine compte 56 ethnies, dont 53 ont leur propre langue. Oui je sais cela surprend. En plus 21 possèdent leur propre écriture et utilisent 27 systèmes d'écriture. On appelle hanyu l'ensemble des groupes de langues chinoises et ses dialectes.

Bref, je ne vais pas détailler ici tout ce système, mais reconnaissez que c’est fascinant ! J’ajoute un détail et pas des moindre, si vous allez dans des régions où une ethnie est dominante les indications seront en bilingue, cela signifie en mandarin et en tibétain par exemple, ou en mandarin et en ouïghour. 

 

Cependant, cela n'empêche pas qu’il est difficile pour nous Français d’apprendre le mandarin et que pour les Chinois il en va de même avec le français. Est-ce que cette problématique de langue, doit nous empêcher de faire un pas l’un vers l’autre ? Bien sûr que non ! Donc en retournant le problème, je me dis que nous devrions créer une langue qui soit en réalité un langage… Un outil du futur. Et c’est ainsi que j’ai envie de lancer le projet Franxinhua, une langue hybride entre le français et le mandarin, qui vise à créer un outil de communication unique. Il s’agit de  faciliter non seulement le dialogue mais aussi le respect et la compréhension mutuels entre les communautés francophones et sinophones.

 

Donc comme cette idée a germé au milieu de la nuit, je la livre ici en quelques mots, afin que nous puissions ensemble français et chinois, lui apporter une existence, une forme. Et pourquoi pas en faire un outil des relations diplomatiques entre nos deux pays pour les soixante prochaines années ?

 

Objectifs de Franxinhua

Franxinhua est conçue pour être une langue de diplomatie et d'échanges académiques, qui combine des éléments du français et du mandarin. Son objectif est double : renforcer les liens culturels et académiques et faciliter la diplomatie et la coopération internationale

 

Caractéristiques de Franxinhua

  • Verbes à l'infinitif : Inspirée par la simplicité grammaticale du mandarin, Franxinhua utilise des verbes à l'infinitif pour éviter la complexité des conjugaisons.
  • Flexibilité de l'ordre des mots : en permettant une structure SVO (sujet-verbe-objet) avec une flexibilité pour SOV (sujet-objet-verbe), elle adapte la syntaxe pour les locuteurs de chaque langue.
  • Absence d'articles : simplifiant la construction des phrases, cette caractéristique rend la langue plus accessible aux sinophones.
  • Système de marqueurs temporels : pour indiquer le temps sans changer la forme du verbe, simplifiant l'expression des concepts temporels.

En éliminant les barrières linguistiques, Franxinhua ouvre la porte à une communication plus riche et à une collaboration accrue dans divers domaines tels que la science, l'éducation, la technologie et les arts. Elle est envisagée comme un vecteur de respect mutuel et de compréhension interculturelle.

 

Prenons quelques mots en exemple 

  • Harmonie, en mandarin : 和谐, héxié devient Harmoxié. Un mot qui combine "harmonie" et "xié" de "héxié", en utilisant le "x" pour renforcer l'influence phonétique chinoise, tout en restant relativement accessible pour un locuteur français.
  • Dialogue en mandarin 对话, duìhuà - devient Dialohua. Ce mot fusionne "dialogue" avec "huà" de "duìhuà", en gardant une terminaison qui évoque clairement l'original mandarin tout en démarrant par la racine française.
  • Innovation en mandarin 创新, chuàngxīn, devient Innouxin. Ici, "innov" de "innovation" se combine avec "xin" de "chuàngxīn", formant un mot qui souligne l'aspect de nouveauté et de création inhérent aux deux cultures.
  • Soutien en mandarin: 支持, zhīchí, devient Soutichi. En combinant "soutien" avec "chí" de "zhīchí", ce mot maintient la sonorité familière du français tout en intégrant la finition phonétique du terme chinois, évoquant l'idée de support.
  • Éthique mandarin: 伦理, lúnlǐ devient Ethilun. "Éthi" de "éthique" se marie avec "lún" de "lúnlǐ". Ce mot représente bien le concept de principes moraux partagés, en alliant élégamment les deux langues.

 

Le projet Franxinhua est plus qu'une expérience linguistique ; c'est un pas vers un avenir où les différences culturelles sont non seulement reconnues mais aussi célébrées. En tissant des liens linguistiques entre le français et le mandarin, Franxinhua aspire à devenir un symbole de coopération et de respect mutuel. Elle invite chacun à faire un pas vers l'autre, en construisant des ponts là où il y avait des obstacles. Et comme c’est une idée ouverte, j’invite tous ceux qui le souhaitent à participer à cette exploration, à cette création. Comme l'a souligné Noam Chomsky, 'La langue est non seulement un véhicule pour exprimer la pensée mais aussi un moyen de construire et de façonner la pensée.' Puisse Franxinhua nous aider à façonner un monde de compréhension mutuelle et de coopération durable.

 

Sonia Bressler

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