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Et si on questionnait la Corée avec Christophe Gaudin ?

En Corée, on est d’autant plus humain qu’on vit au milieu des autres hommes.

Dans son Essai sur le don, Marcel Mauss forgeait un concept promis à un riche avenir, celui de fait social total, dont il se servait pour cerner des phénomènes qui « mettent en branle dans certains cas la totalité de la société et de ses institutions ». C’est bien sûr le cas des épidémies, qui lorsqu’elles frappent, font aussitôt office de révélateurs et offrent pour ainsi dire une vue en coupe du corps social dans son ensemble. Le virus, en trouvant à s’insinuer dans ses failles, les élargit jusqu’à la béance. Les sociétés se découvrent dans l’épreuve – c’est selon – plus fortes ou plus fragiles qu’elles ne croyaient.

Il est même légitime de renchérir sur la définition de Mauss et de parler ici d’un fait social non seulement total mais global, dans la mesure où cette pandémie se caractérise avant tout par sa rapidité. Le virus, capable de survivre des heures sur des surfaces de toute sorte dans un monde où échanges et écrans se multiplient, se répand à une vitesse inédite. Le nombre de morts n’est pas le même d’un pays à un autre : entre la Corée et la France, par exemple, le rapport est de un à soixante au 10 avril 2020, dans l’hypothèse la plus basse. De plus, la Corée procédait à environ 500 000 tests de dépistage, quand la France comptait à la même date 500 000 contraventions – et seulement 38 000 dépistages, ce qui montre le caractère répressif de son action publique.

Ainsi, autant il est légitime de parler de « fait social global » dans la mesure où tous les pays du monde sont affectés, autant on aurait tort d’en déduire que tous le sont de la même manière. La crise est autant sanitaire que morale. Certains pays se montrent incapables de protéger leur population, et on les voit limiter les libertés fondamentales.

 

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