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Zhao Lihong : la poésie comme chemin intérieur

À l’occasion de la sortie en France de ses deux ouvrages, Métamorphose(s) et Cheminement(s) : l’écho des poètes, Zhao Lihong s’est confié dans un entretien exceptionnel mené par la journaliste Camille Chen.

Dans l’atmosphère feutrée d’une bibliothèque parisienne, loin de l’agitation du monde, le poète chinois partage sa vision d’une poésie enracinée dans l’être, tissée de mémoire, de nature et de lumière intérieure.

 

Deux livres, deux mouvements d’âme

Dans Métamorphose(s), Zhao Lihong explore la traversée intime des émotions humaines : les souvenirs d’enfance, les éclats de la nature, l’inexorable passage du temps. Chaque poème est une pierre déposée sur un chemin invisible, reliant l’éphémère à l’éternel.

Avec Cheminement(s) : l’écho des poètes, il rend hommage aux maîtres de la poésie classique chinoise – Du Fu, Wang Wei, Li Bai – tout en interrogeant la résonance de leurs voix dans notre monde contemporain. Illustré de délicates esquisses, ce livre nous invite à une errance méditative, entre regard intérieur et souffle de la tradition.

“Dans Métamorphose(s) je scrute le changement intime. Dans Cheminement(s), je rends hommage à ces voix anciennes qui nous murmurent encore des vérités essentielles. Les deux livres sont comme deux pas d’une même marche intérieure.”

— Zhao Lihong

 

La poésie : une nécessité intérieure

Interrogé par Camille Chen sur ce qui fonde encore aujourd’hui l’acte poétique, Zhao Lihong cite un proverbe chinois :

“Quand les paroles sont insuffisantes, naît le poème.”

Pour lui, la poésie n’est pas un luxe esthétique, mais une réponse vitale à l’indicible. Elle devient résistance au bruit du monde, éloge de la lenteur, appel à l’attention.

“La poésie est ce qui reste quand le langage ordinaire s'effondre. Elle ne décore pas l'existence, elle en révèle la faille — et la lumière qui filtre par cette faille.”

Sa démarche fait écho aux grandes pensées philosophiques de Zhuangzi : savoir accueillir le flux de l’existence sans vouloir le contraindre. Dans ce geste d’accueil silencieux, la poésie devient une forme d’harmonie intérieure.

 

Nature, mémoire, métamorphose

Tout au long de l’entretien, Zhao Lihong revient sur l’importance de la nature dans son œuvre. L’eau, le vent, les montagnes et les fleurs sont des compagnons silencieux de l’âme humaine, autant de miroirs fragiles reflétant nos transformations secrètes.

À la question de Camille Chen — La métamorphose est-elle souffrance ou renaissance ? — Zhao répond avec une tendresse lucide :

“Toute métamorphose est douloureuse, parce qu'elle arrache des morceaux de l'ancien soi. Mais elle est aussi l'unique voie vers l'élargissement de l'être.”

Une pensée qui rejoint les intuitions d’Héraclite : “Rien n’est permanent, sauf le changement.”

 

Tisser des liens entre les âmes

À travers Métamorphose(s) et Cheminement(s), Zhao Lihong invite ses lecteurs à écouter leur propre écho intérieur.

Sa poésie n’offre pas de réponses toutes faites : elle ouvre un espace de résonance et de questionnement, un pont discret entre les âges, les cultures et les êtres. “Je ne veux pas donner des réponses. Je veux offrir un espace où chacun peut écouter son propre écho.”

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